Une projection chez l’habitant : ma première expérience

par Jean-François Comminges, réalisateur

Pour nous, l’aventure commença l’été 2003… 

C’était en plein mois de juillet. Certains étaient en vacances. Beaucoup non.

Dans le jardin en friche juste à côté de chez nous, nous avions tendu un grand drap de lit en guise d’écran et j’allais venir projeter mon film. Il s’agissait du portrait d’un musicien catalan. On improvisa ensuite un mini concert avec le chef opérateur du film, lui-même auteur-compositeur…

Intrigués, les voisins étaient là, les amis des voisins et les voisins des amis avaient fini par se décider et étaient venus d’autres quartiers, la lune n’éclairait pas trop, l’herbe était finalement plus confortable que les coussins. Et le temps d’une soirée, nos regards se portaient tous dans une même direction… Quelque part, bien au-dessus de nos têtes !

Quelques temps plus tard sortaient deux ouvrages aux thématiques troublantes :  » La culture contre l’art « , et  » Culture, contre-culture  » qui avaient marqué notre attention. Le premier, vision d’économiste, faisait l’état des lieux des nouveaux modes de fonctionnement des grandes entreprises culturelles et de leurs exigences grandissantes en matière de fréquentation et d’accessibilité, au détriment souvent de la qualité d’accueil et d’accompagnement des œuvres. Le second, poussait la réflexion dans des voies plus politiques et sociologiques, s’interrogeant sur le devenir de la « culture populaire « .

Depuis cette nuit d’été, sans forcément chercher à théoriser leurs actions, l’association Mocco a maintes fois reproduit des expériences équivalentes dans cette friche devenue jardin ou dans des lieux publics de proximité. Et avec toutes formes d’art : cinéma toujours, spectacle vivant aussi et musique encore, et puis littérature et arts plastiques…

Avec leur tendance à associer les expériences artistiques de manière sensible, et à prendre plaisir à mélanger les publics, ils étaient en train de réaliser leurs premières programmations originales !